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Sélection

Salé - sucré...

  Bonjour, L'art culinaire est, chez nous, une affaire de famille qui se partage. Et comme nous aimons archiver les bonnes recettes, qu'elles soient simples recettes du quotidien, recettes de familles, ou repas festifs... il nous faut à chacun un livre de recettes personnalisé....  Cette année je me suis donc penchée sur la question, pour mon fils qui voulait consigner dans un carnet ses recettes préférées!! Toujours aussi difficile pour un garçon de trouver des modèles aux point de croix, pas trop.... kitch... Mais grâce aux modèles de Véronique Enginger, j'ai trouvé le modèle idéal... et après de longues heures de broderie sur un torchon, ce qui rajoute une certaine difficulté car il est très difficile de broder sur les lignes colorées du torchon, voilà le résultat: J'ai un peu modifié le modèle de base, en enlevant deux gâteux pour les remplacer par des légumes et, en changeant le titre "Mes desserts" en "Mes recettes" de façon à ce que le recueil

La saga "FLEURS DE DIGOIN" (épisode 2/5). De la Lorraine à la région lyonnaise.




Février: les vacances m'ont permis d'avancer mon ouvrage des "Fleurs de Digoin". J'ai pu ajouter le titre "Fleurs de Digoin", le n° de la planche, "48", le nom de la ville "Sarreguemines", le berceau de cette production de faïence et de terminer toute la bordure extérieure.





C'est une introduction parfaite pour marcher sur les traces historiques des faïenceries de Digoin-Sarreguemines. Ou comment, les faïenceries sont nées en Lorraines, pour finalement s'installer dans la région lyonnaise, et, pour découvrir l'histoire familiale de cette entreprise.

La première question a se poser lorsque l'on se lance dans quelques recherches historiques, c'est pourquoi, à un moment donné, une industrie se développe particulièrement? Qu'est ce qui a conduit certains jeunes entrepreneurs à se lancer dans cette production?  La réponse est économico-politique. En effet pour financer les guerres, le dirigeant de l'époque avait mis un impôt sur l'argenterie conduisant les clients à chercher un autre type de vaisselle. D'où l'essor des faïenceries à la fin du XVIIIème siècle.



C'est en 1790, que 2 négociants en tabac strasbourgeois, les frères Nicolas-Henry et Augustin Jacoby s'associent à Joseph Fabry pour ouvrir une manufacture de faïence à Sarreguemines. Ils fabriquent des poteries appelées "cailloutage" composées d'argile mélangée à des cailloux de silex broyés et calcinés. La pâte est préparée dans un moulin à huile et les pièces de faïence sont cuites dans l'unique four à bois de l'entreprise par une vingtaine d'ouvriers. Des difficultés financières induites par la concurrence anglaise, la méfiance des habitants  de la région et les difficultés d'approvisionnement en matières premières, conduisent les frères Jacoby à vendre leur entreprise à Joseph Fabry et Paul Utzschneider en 1800.


Paul Utzscheinder, s'inspirant des modèles de production anglais, va permettre à l'entreprise de se développer grâce à de nouvelles techniques et à l'invention de nouveaux matériaux. Sa production de grès blanc imitant à la perfection la pierre sera très appréciées de l'empereur Napoléon 1èr qui lui commandera plusieurs vases. Paul Utzschneider sera primé de nombreuses médailles d'or pour ses productions. En 1828, apparaissent les premiers décors imprimés à partir de gravures sur cuivre. 

En 1836, Paul Utzschneider cède son entreprise à son gendre: le Baron Alexandre de Geiger, bavarois, comme son beau-père, il a fait ses études à Augsbourg. Pour agrandir sa société il s'associe à deux autres producteurs de faïences dont les noms sont toujours célèbres aujourd'hui: la famille Villeroy et la famille Boch.


En 1838, l'imprimerie des décors à partir de plaque de cuivre est remplacée par l'impression à partir de plaques obtenues par galvanoplastie, qui permet des reproductions identiques à l'infinie et pour des coûts de production moins onéreux. La manufacture fait de nombreux investissements, s'aggrandit et devient l'une des faïenceries les plus grandes d' Europe....


Au fil du temps, la faïence qui était réservée aux nobles ou aux plus riches bourgeois, grâce aux progrès des techniques de fabrication et à la diminution des coûts de production, deviendra accessible au plus grand nombre.



Moulin à cailloutage construit sur la Blies en Moselle, en 1841.
Il servait à préparer la pâte pour la fabrication de la faïence.

Les vacances de février, m'ont également permis de terminer ce bouquet fleuri. Ce que j'aime dans cette vaisselle, c'est que chaque décor  possède un nom singulier. Le bouquet que je viens de terminer fait partie de la gamme "Josiane".

La liste des références est longue! Pour ceux et celles que cela intéresse,  le site "fandedigoin.canalblog.com",  répertorie un grand nombre de noms de décors, accompagnés de leur photo. Il semble que l'ensemble de la production des faïenceries de Sarreguemines compte 4000 décors différents! Impressionnant! 




Je ne possède pas encore de pièce de vaisselle de la gamme "Josiane". Mais voici quelques petits noms qui font déjà partie de ma collection: Odette, Nina Rosa, Cannes, Ninette, Janine...



Pendant les vacances de février, j'ai également, terminé la dernière frise "Olga". 




Collection personnelle

Je n'ai pas retrouvé dans ma vaisselle cette frise, mais j'ai en revanche une petite soucoupe de la gamme "Odette", avec sa frise rouge et un plat, qui ne porte pas de petit nom, avec une frise bleue.


Collection personnelle
Revenons à l'épopée des faïenceries de Digoin, parce que pour le moment, nous sommes toujours en Lorraine...



Collection personnelle
En 1870, l'Alsace et la Lorraine sont annexées à l'Allemagne et la maison Sarreguemines obtient un délai de 40 ans pour entrer dans l'économie allemande. Celle-ci, souhaite rester française et cherche un nouvel emplacement pour développer son entreprise. A cette époque Paul Geiger succède à son père. Il implante son entreprise de production de vaisselle à Digoin, près de Lyon en 1876, et celle de production de carreaux de faïence et de matériel sanitaire à Vitry-le François en 1881. 



Charles VII, entrée de Jeanne D'arc à Orléans. 1429







Bataille de Valmy




Fin XIXème, début XXème, les décors des assiettes produites par les fabriques  sarregueminoises, ne sont, à cette époque, pas seulement  fleuris. Les artistes décorateurs contemporains, en réponse à la domination germanique de l'Alsace-Moselle, et dans un esprit patriotique représentent des scènes de victoires françaises qui ont marquées l'Histoire de notre pays ou d'illustres personnages ou monuments français dans lesquels les couleurs bleu-blanc-rouge sont à l'honneur. Les gammes de vaisselles s'appellent alors: "Les grandes batailles", "Cavalerie française", "Grands généraux de le République", "Les gloires du Drapeau", "Charles VII, Entrée de Jeanne d'Arc à Orléans. 1429". 


Lorsque que la pression allemande d'intensifie, les décors se modifient et ce sont alors des représentations francophiles "codées" qui apparaissent, comme dans dans la série d'assiettes "Nos ancêtres les Gaulois" ou "poste et télégraphe". 
Exemplaire de la collection Obernai.
Toutes ces allusions patriotiques envers la France devenant de plus en plus risquées pour la pérennité de l'entreprise face à la domination allemande, les thèmes deviennent plus régionaux avec notamment, une série appelée "Obernai" qui sera le service le plus vendu de la production de la faïencerie au début du XXème siècle, en raison de son prix qui permet la vente à un public de plus en plus important.  L'auteur de ces décors, Henry Loux met en valeur le lien social du groupe en s'appuyant sur les valeurs de la famille, de la commune et de la profession: ce sont alors le berger, la gardienne d'oies,  le  colporteur, le potier et le marchant de volailles sur sa charrette et de nombreuses scènes de la vie contemporaine de l'Alsace qui ornent les assiettes. Puis, début 1900 et jusqu'à la fin de la Première Guerre Mondiale, la culture germanique prend le dessus et des séries représentant les contes de Grimm ou les compositions de Richard Wagner sont produites dans les fabriques de Sarreguemines.



Tout ceci est très intéressant, mais, ce ne sont pas ces grandes batailles que je vais représenter avec mes petites croix!







Sur cette assiette, l'estampille U&C,
de la société Utzscheinder et compagnie.

Collection personnelle.
A l'issue de ce délai de 40 ans, la société est divisée en deux groupes: "La société Utzscheinder et compagnie" (U&C), (société à responsabilité limitée) et "Les établissements céramiques Digoin, Vitry-Le-François et Paris" (société anonyme française). Ces deux groupes seront à nouveau réunis, après la Première Guerre Mondiale, sous l'enseigne "Faïenceries Digoin et Vitry-Le-François (SDV)". Elle est dirigée par la famille Cazal. Le siège social est à Paris

Durant la Seconde Guerre Mondiale, l'entreprise située à Sarreguemines est gérée par la société Villeroy et Boch.




En 1980, l'entreprise Sarreguemines s'associe au groupe Fenal qui résulte lui-même de la fusion, en 1963, des faïenceries Luneville, Badonviller et ST Clément, d'autres grandes faïenceries françaises nées au XVIIIème siècle. 
Collection personnelle


Il ne reste plus que le site de Digoin.

Voilà comment la politique, les guerres et leurs conséquences économiques ont permis l'essor des productions de faïence, influencées les décors et ont déplacé le berceau des faïenceries de Sarreguemines à Digoin! 


 
La semaine prochaine, nous verrons ce qui a motivé ce choix: pourquoi s'implanter à Digoin? 💋.


Bibliographie des sites qui m'ont permis d'écrire mes articles:
  • http://www.sarregueminesvaisselle.com/page2-histoire.html, consulté le 20 février 2019.
  • Leclerc E. La faïencerie de Digoin. In: L'information géographique, volume 13, n°4, 1949. pp. 156-158. DOI : https://doi.org/10.3406/ingeo.1949.5475www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_1949_num_13_4_5475, consulté le 20 février 2019.
  • http://www.infofaience.com/fr/badonviller-hist, consulté le 20 février 2019.
  • http://fandedigoin.canalblog.com/archives/yves/index.html, consulté le 20 février 2019.
  • http://office-de-tourisme-de-digoin.pagesperso-orange.fr/html/faiencerie.htm, consulté le 20 février 2019.
  • http://www.sarreguemines-passions.eu/index.php/les-manufactures/utzschneider-et-cie/20-historique-uc-sdv, consulté le 21 février 2019.
  • http://www.sarreguemines-museum.eu, consulté le 27 février 2019
  • http://www.sarreguemines.fr/UserFiles/File/histoire/histoire-faienceries.pdf
  • Hamman, P. (2002). Une entreprise de mobilisation patriotique : la production de la faïencerie de Sarreguemines (1871-1918). Genèses, no47(2), 140-161. doi:10.3917/gen.047.0140. consulté sur https://www.cairn.info/revue-geneses-2002-2-page-140.htm le 1/08/2019
  • http://benedick-sarreguemines.com/decor-bouquet-sarreguemines/ consulté le 1 août 2019.
  • https://terresdest.fr/collection/utzschneider/obernai/ consulté le 1 août 2019.
  • http://www.aafs.asso.fr/historique.html, consulté le 4 aout 2019.

Commentaires

  1. Merci pour cette 2ème partie qui m'enseigne plein de choses. Villeroy et Boch jusqu'ici m'évoquait plus les lavabos et les cuvettes de toilette ...
    Je crois qu'on a bon espoir de voir ta broderie finie bientôt 😊. Et dire que moi j'ai enfin fini mes plumes !

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    1. j'espère que tu vas mettre un article sur ton blog avec tes plumes! Bon, tu as vu: 2ème épisode sur 5.... il te reste encore deux articles à lire, avant l'ouvrage final! :) je pense que le suspens sera à son comble! LOL ..

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